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Underachievement Unlocked


24 mar. 2002

Magnolia

Wow. C’est pas le genre de chose qu’on s’attend à voir au cinéma - pas étonnant que ce film ait fait parler de lui à sa sortie. Ce qui est étonnant là-dedans, c’est surtout que des producteurs américains aient financé ça : plus de 180 minutes (ça fait trois heures, pour ceux qui ont du mal avec les euros) dont la première moitié ne semble aller nulle part… heureusement qu’il y avait les stars, sinon le film était atomisé. Heureusement, donc, qu’il y a des acteurs (et quels acteurs !) à Hollywood qui aiment assez leur métier pour s’intéresser à ce film.

Côté spectateur, donc… Les 90 premières minutes sont longues : on ne va nulle part, on présente la routine de vie des personnages, quelques maladies, mais rien qui nous prenne vraiment : une heure et demie d’exposition des personnages. Oui, vraiment, il faut oser. Mais le plus beau, c’est que c’est une bonne idée : l’histoire est tellement dense (bien qu’il ne se passe pas tant de choses - tout le film se déroule sur une journée) qu’on n’aurait pas eu l’occasion de s’attacher aux personnages s’il n’y avait pas eu cette exposition. Un luxe bien utilisé, qu’on ne peut vraiment se permettre qu’avec le talent d’Anderson, mais aussi le talent et la célébrité des acteurs.

Une audace qui vaut le coup, donc, pour l’effet qui arrive à la moitié du film : d’un seul coup, le film bascule entièrement. Dans chacune de ces petites vies qu’on nous a présentées, les choses se nouent, les sentiments se dévoilent, l’enjeu de l’histoire (qui deviendra clair dans le monologue final) se révèle. Et le film réserve alors à chaque personnage, et à chaque acteur, une scène mémorable et poignante, qui nous montre pourquoi on a attendu, pourquoi on a traversé toute la première partie du film, pourquoi on a bien fait de s’intéresser à ces personnages.

Le film ne se résume pas à des numéros d’acteurs - c’est vrai qu’un film qui commence avec Tom Cruise déclamant “Respect the cock !”, ça commence fort - mais réussit à rendre les personnages réels, humains et poignants. Justement grâce au temps passé dans l’interminable introduction. Tout ça pour dire (c’est drôle comme ça me pousse, moi aussi, à écrire des tartines) que, si vous avez l’occasion de voir le film, il ne faut pas se laisser rebuter par le début : ça vaut le coup. On ne dirait pas, comme ça, mais ça vaut vraiment le coup. Et pour une fois qu’un cinéaste est vraiment ambitieux, et a le talent de ses ambitions, ce serait dommage de ne pas l’en féliciter.

Pour le reste, je vous laisserai découvrir le dénouement. Une vraie surprise, à la limite du grotesque (certains diront au-delà), qui permet en même temps de relâcher la pression émotionnelle instaurée par tout ce qui précèdait. Une très belle façon, en fait, de clore cette histoire. Vous verrez. On pourrait se passer, bien sûr, de l’énorme référence biblique qu’elle représente, et qui confirme une tendance un poil trop moralisatrice que j’avais ressentie au long du film. Comme par hasard, le personnage qui est le plus en dehors de l’histoire, celui qui s’apparente le plus à un narrateur, est un fervent chrétien. Mais bon, que voulez-vous, c’est un film américain ; on ne va pas bouder le plaisir d’un monument du cinéma parce qu’il cite la Bible.

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