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Underachievement Unlocked


1 juil. 2003

Unbelievable

Les lecteurs assidus de mon blog, des commentaires de mon blog, et de certains autres blogs auront peut-être compris que j’ai passé la soirée… non, je ne peux pas le dire. Pas que j’aie honte, je n’ai pas honte du tout (enfin, il n’y aurait aucune raison que j’aie honte, mais en l’occurrence je n’ai pas honte), pas que j’aie du mal à l’avouer, c’est juste que… je n’arrive pas à le croire moi-même. Et pourtant, répondant à l’invitation (dans les commentaires) par gVgVssE que j’avais réclamée, j’ai passé quatre heures dans un karaoké. Où j’ai chanté. Je sais, je sais, tous ceux qui me connaissent n’y croient pas. Mais vous n’avez pas encore lu le plus gros.

J’ai chanté.

D’abord en duo (Sweet Dreams, merci à Manu de s’être dévoué pour me… dépuceler), puis en solo (Rien que de l’eau). Oui, oui, tout seul, au micro, sur scène (bon, le bar est petit, mais quand même, c’est une scène, quoi). Mais il y a encore plus incroyable.

J’ai chanté, et…

Et…

Et je n’ai même pas paniqué. Je n’étais pas stressé avant de chanter la première fois — admettons, je savais qu’on allait chanter à deux, qu’on pourrait chacun rejeter la responsabilité des fausses notes sur l’autre, le risque était calculé (et puis, bon, je sais que je peux m’en sortir sur du Annie Lennox). Mais je n’étais pas stressé non plus avant de chanter la deuxième fois. Tout seul, sur scène, au micro, devant des inconnus, avec les lumières dans la gueule et un retour vidéo, pour une chanson que je n’avais pas entendue depuis des mois et dont je ne me souvenais plus spécialement des couplets. Et pratiquement pas de stress. Disons, un peu de stress, mais aucun trac, et encore moins de panique. Moi. Le garoo. Celui qui n’arrivait pas à adresser audiblement la parole à la vendeuse il y a, euh, soyons gentils, dix ans. Celui qui n’avait jamais, de sa vie, chanté devant quelqu’un d’autre que son ours en peluche, il y a cinq ans. Sur scène et tout, sans stresser.

Vous, je sais pas, mais moi, je ne m’en remets pas. (Oui, enfin, je sais bien que, de votre côté, vous vous en remettez très bien, mais c’était une façon de parler, parce que c’est mon blog et que ce sont mes expériences qui comptent. Oui, oui, narcisse mégalo et tout, on sait.) Et d’ailleurs, ce n’est même pas le plus beau. Le plus beau, c’est que je n’avais pas écouté Rien que de l’eau depuis quelque chose comme des années, que je n’avais aucune idée à quelle hauteur ça serait, que je me suis vautré lamentablement, et que je ne me suis quand même pas enfui. Premier couplet deux tons en-dessous de l’instrumental (c’est parce qu’il est léger en instruments, à la limite j’aurais presque pu continuer comme ça sans choquer vraiment), un instant de panique, mais j’ai surmonté et j’ai réussi à me dire que, puisque j’étais là, je n’avais plus qu’à continuer. (Ok, cette phrase a l’air débile, genre j’explique comment j’ai surmonté le fait d’être le seul survivant d’un crash de Boeing, alors que je n’ai fait que chanter une chanson. Mais, bon, c’est un blog, alors dramatisons un peu.) Du coup, la suite dans la bonne tonalité (euh, je crois, je n’en jurerais pas, mais je crois), mais parsemée de couacs parce que je m’étais pas du tout préparé à ce que ça monte si haut. Et malgré tout ça, je n’ai pas fui. Je ne sais pas quelle tête je faisais dans l’instant, faut pas trop en demander, mais je sais que j’ai tenu bon et que j’ai réussi non seulement à survivre, mais aussi à rattraper le coup, et à chanter correctement sur la fin, ce qui est sans doute la plus grosse gageure dans l’histoire. (Là, je parle de mon propre jugement, parce que d’après gVgVssE c’était très bien du début à la fin et il n’y avait pas tellement de fausses notes — j’ai des doutes, d’un coup, sur sa prétendue mélomanie, un mythe s’effondre.) Bref, je suis épaté. Je vais le mettre en gras : je suis épaté. J’insiste : JE M’EPATE MOI-MEME.

Ah, oui, j’oubliais de préciser que j’ai été aidé, quand même, par un rhum-coca bien tassé. Il va falloir que je mette à jour mes divers profils pour accepter le fait que je deviens un social drinker. Je vous rassure, je n’ai pas l’intention de devenir alcoolique pour autant — au pire, un rhum-coca par soirée karaoké ou soirée boîte, ça devrait aller. Mais un rhum-coca, ce n’est pas censé suffire à faire tomber toutes les inhibitions d’un coup et, si j’avais été saoul, j’aurais chanté comme une bûche, donc ça se serait vu. Et puis les autres étaient au moins aussi alcoolisés que moi, et ça ne les empêchait pas tous de stresser. Non, non, ce n’est pas l’alcool qui a chanté devant des milliers de spectat… euh, devant trente personnes. C’est moi. C’est le garoo (oui, j’ai décidé de parler de moi à la troisième personne en disant le garoo parce que je trouve ça joli, mais ça passera sûrement, je vous rassure — ou peut-être pas) qui a des ressources insoupçonnées.

Ca tombe bien, il est un peu temps de les sortir, ces ressources.

P.S. Je finis par allumer la radio (j’ai rédigé ce long post dans le silence complet, pour rester concentré sur les souvenirs auditifs) et ils passent Here Comes The Rain Again. C’est forcément un signe.

P.S. Puisqu’il faut bien revenir un peu à l’auto-dénigrement (j’ai de plus en plus l’impression que c’est un sentiment qui prend particulièrement de puissance quand je suis dans ma chambre face à mon ordinateur, je devrais peut-être en tirer les conclusions qui s’imposent de manière évidente), je dois dire que je me sens un peu (quoi, juste un peu ?) couillon d’avoir écrit tout ce post extatique juste sur le fait d’avoir chanté deux chansons dans un karaoké. Je n’ai plus qu’à essayer de me rassurer avec l’idée que je connais plein de gens qui n’en auraient pas fait autant. Ouais. Ca fonctionne.

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